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OSA
Le week-end du 5-6 février, la première assemblée nationale du mouvement La Lupa, lancé avant Noël sur l’avalanche d’occupations d’écoles romaines, s’est tenue à Rome. Il s’agissait d’un événement de deux jours comme on n’en avait pas vu depuis longtemps, avec des centaines d’étudiants de toute l’Italie représentant des dizaines et des dizaines de collectifs d’écoles à travers le pays.
Dans l’après-midi du premier jour, il y a eu le temps de raconter toutes les expériences qui ont caractérisé les derniers mois, avec les occupations qui ont débordé de Rome vers d’autres villes et qui ont impliqué des milliers d’étudiants.
Le dimanche était le moment des pars costruens, avec un débat politique serré qui a permis de construire une plateforme de revendications et de lancer le 18 février comme première date de mobilisation nationale du mouvement.
Il s’agissait d’une véritable discussion, avec un niveau de débat très élevé, et qui ne se limitait pas, comme nous le rapportons depuis des mois dans ce journal, aux seules spécificités de la condition étudiante. Une discussion forte sur les 100.000 étudiants qui sont descendus dans les rues le vendredi 4 février.
L’abolition de l’alternance scolaire est le point de collecte de la Lupa, qui vendredi dernier à Rome a eu l’occasion de retirer de la place le Rete degli Studenti Medi, la jeunesse de la CGIL qui a tenté d’atténuer la position des étudiants sur la question et d’édulcorer le niveau de conflit politique exprimé par les étudiants.
Mais la “maturité” de ce mouvement nouveau-né n’émerge pas tant de la radicalité des positions sur des questions spécifiques, que de l’horizon dans lequel il veut se mouvoir : l’union des luttes
La présence, durant le week-end, de travailleurs issus du syndicalisme conflictuel marque le pas à franchir, celui de la recherche d’une convergence entre les luttes des étudiants et les foyers de résistance présents dans le monde du travail, avant tout les travailleurs ou dans le secteur de la logistique (des ports aux entrepôts en passant par le transport de marchandises).
Ce qui est en cause, ce n’est donc plus seulement l’échec de l’enseignement à distance, la folie de l’enseignement échelonné, l’inadéquation des bâtiments scolaires, la précarité du personnel, l’incapacité du gouvernement (de Conte à Draghi) à produire des solutions raisonnables à la difficile condition de pandémie, gérée le plus mal possible.
Ce qui est en cause, c’est l’échec d’un modèle de société, le capitalisme tel qu’il s’est affirmé historiquement sous la forme de la “démocratie libérale occidentale”, même ceux nés des constitutions antifascistes du second après-guerre – après tout, Good School, Jobs Act, réforme du titre V ou de l’article 81, le Turco-Napolitano etc., autant de lois contre lesquelles la Constitution ne pouvait pas faire grand-chose.
Un échec qui ressort avec force dans le modèle scolaire actuel, basé sur le concept de l’école-entreprise tel qu’imposé par l’Union européenne, d’asservissement aux exigences des employeurs et du marché du travail), constitué de compétences spécifiques et sectorielles, et non de connaissances et d’esprit critique.
C’est le monde à un tournant historique important, où les étudiants veulent commencer à courir vers une société plus juste, sans hésitation ni compatibilité d’aucune sorte avec ceux qui exploitent le travail, pillent l’environnement, tuent pour le profit, ralentissent le mouvement par commodité.
“Nous, les étudiants, avons une responsabilité historique et politique”, a déclaré Tommaso à la fin des deux jours, “les grands mouvements qui ont changé l’histoire du vingtième siècle ont eu le courage de revendiquer une place dans le monde. Nous devons renouer les fils avec l’histoire du mouvement révolutionnaire et unir les luttes avec les travailleurs. Les étudiants et les travailleurs réunis sont de l’huile sur le feu de ce système”.
Un programme de lutte ambitieux, comme seuls peuvent en avoir ceux qui veulent changer le monde. Autre que “bonne alternance” ….
Vous trouverez ci-dessous le communiqué de l’Opposition alternative des étudiants sur les deux jours, l’une des organisations à l’origine de la Lupa et l’une des plus actives dans ce cycle de mobilisations.
L’OPPOSITION DES ÉTUDIANTS À DRAGHI GRANDIT : RELANÇONS LE CONFLIT DANS TOUT LE PAYS
Réflexions et perspectives de l’assemblée nationale des étudiants à Rome
L’assemblée nationale des étudiants qui s’est tenue hier et aujourd’hui à Rome est un événement politique qui marque un tournant important dans le mouvement étudiant : plus de 400 étudiants de toute l’Italie, d’Aoste à Palerme, se sont réunis pour discuter de manière unie, mais sur un terrain de conflit déclaré, des perspectives et des propositions à poursuivre à l’intérieur et à l’extérieur des écoles.
Cela fait des années que nous n’avons pas vu une assemblée nationale qui rassemble toutes les réalités qui agissent en dehors et contre la compatibilité des organisations d’étudiants organiques avec le centre-gauche.
Les mots d’ordre qui ont émergé de ces deux jours à Rome parlent d’un modèle scolaire à démolir, construit à l’image et à la ressemblance d’un modèle de développement capitaliste identifié par tous les étudiants présents comme irréformable.
Mais ce n’est pas tout, l’assemblée a pris comme perspective la nécessité de maintenir ensemble les luttes contre l’exploitation dans le monde du travail et des travailleurs et la crise de perspectives vécue par les jeunes générations. Les interventions de la coordination des travailleurs portuaires de l’Unione Sindacale di Base, des travailleurs logistiques de Naples et des Gkn de Florence ont relancé l’alliance de classe entre étudiants et travailleurs.
La rédaction d’une plateforme nationale commune et le lancement de la mobilisation nationale du 18 février en opposition au gouvernement Draghi constituent une avancée importante pour le mouvement étudiant.
Nous remercions toutes les réalités étudiantes d’avoir repris l’appel à la construction de l’assemblée nationale lancé à Miur avec la mobilisation du 17 décembre.
Les étudiants envoient un message à tout le pays : allumons la mèche du conflit, organisons nous pour construire la force, remettons l’histoire en marche.